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Une autre phrase de mon petit ange de 8 ans que j'aime figer.
Nous etions en train de faire le menage.Il avait retrouve un de ses vieux toutous,puis a commence a jouer avec,partout dans la chambre.Au moment ou il faisait glisser sa petite giraffe sur la table,il renverse un vase et il se brise.
Il essaie d'enlever les bouts de vitre avec sa main,quand je lui dis de ne rien toucher.La,je le vois souffler sur son doigt en disant qu'un bout de vitre s'est colle a sa peau.Je l'enleve,puis il dit:
-Ohh mais je savais pas que quelque chose d'aussi beau pouvait etre aussi dangereux!

Objet perdu en chemin..

Long way back home

Aujourd'hui,lendemain d'une journee..enneigee.
A 200 metres(appr.)de la fenetre faisant entrer la lumiere dans la piece ou je me trouve,je remarque une immense couche de fumee noire,avalant les milliards de flocons de neige tombant d'un ciel morose.Des enormes flammes transformant tout un edifice en charbon.
Pendant que j'etais bien au chaud,attendant avec hate la fin de ces quelques minutes que je trouvais longues,ou je pourrai enfin rentrer chez moi,m'allonger sur mon lit
et me reveiller pour manger un bon repas chaud,je ne pus m'empecher de me sentir terriblement mal a l'aise,yeux figes sur l'image,sans pouvoir aider quiconque.
Entouree de phrases remplies d'une insensibilite indifferente extremement decevantes,comme "Coudon',t'as jamais vu un feu de ta vie?" "Qu'essequ't'as,la arrete donc de fixer ca,y'a rien la!"..je pensais a tous ces gens qui,devant les yeux de nombreux spectateurs regardant un show,vivaient une totale terreur.Ces gens qui plongeaient dans le desespoir en realisant qu'ils venaient de perdre tout ce qu'ils ont travaille comme des chiens affames pour avoir!Ces gens qui,en plein milieu d'un avant-midi normal,se sont retrouves a se faire exploser les poumons pour sortir vivants de l'enfer avec les yeux fermes.Tous ces gens qui venaient de perdre leur chez-eux,qui devront tout recommencer.A zero.
Tous ces gens qui perdent l'espoir car ils ne comprennent pas pourquoi c'est arrive a eux.
Une semaine avant Noel...

TiC...TaC...

Depuis quelques heures deja,je t'attends,j'erre l'est a l'ouest,sans me trouver de raison de partir.Peut-etre parce que je n'ai nulle part ou aller.
Je n'ai rien savoure depuis plus de 7 heures.J'ai faim.
Le vent est enrage et se venge sur moi.J'ai froid.
Je sens a peine mes mains,elles sont rendues glace.
Je me suis contentee,pendant quelques minutes,d'admirer la lune,illuminant le ciel sublimement degrade du bleu pacifique au violet fonce,assise sur un siege abandonne et couvert de neige,dessous ta fenetre a image morte.
Lorsqu'un petit homme a gare sa grande voiture devant le divin paysage,mon plaisir freina.
Il ne me restait plus que quelques dizaines de branches mortes a regarder,trop solitaires et trop reciproques.
Et maintenant,je suis ici,au chaud,pourtant j'ai toujours froid;je suis fatiguee,tannee de lutter contre le creux de plus en plus percant de mon estomac affame,essayant de trouver une quelconque inspiration.
Sur ce fauteil en cuir noir,devant ces petites tables rondes en faux bois de metal,entre quatre murs vitres,au son des conversations des etrangers et la musique de Noel,seule ta presence me reconforte.Presente partout dans mes pensees,mais toujours une presence absente..
Puis je regarde une derniere fois au bout de la rue:lumieres toujours eteintes.Je dois partir.La torture se poursuit...

S'il y a bien une chanson qui vient reellement me chercher,c'est sans doute celle-la.
Ecoutez..

L'âge idiot, c'est à vingt fleurs
Quand le ventre brûle de faim
Qu'on croit se laver le cœur
Rien qu'en se lavant les mains
Qu'on a les yeux plus grands que le ventre
Qu'on a les yeux plus grands que le cœur
Qu'on a le cœur encore trop tendre
Qu'on a les yeux encore pleins de fleurs
Mais qu'on sent bon les champs de luzerne
L'odeur des tambours mal battus
Qu'on sent les clairons refroidis
Et les lits de petite vertu
Et qu'on s'endort toutes les nuits
Dans les casernes

L'âge idiot, c'est à trente fleurs
Quand le ventre prend naissance
Quand le ventre prend puissance
Qu'il vous grignote le cœur
Quand les yeux se font plus lourds
Quand les yeux marquent les heures
Eux qui savent qu'à trente fleurs
Commence le compte à rebours
Qu'on rejette les vieux dans leur caverne
Qu'on offre à Dieu des bonnets d'âne
Mais que le soir on s' allume des feux
En frottant deux cœurs de femmes
Et qu'on regrette déjà un peu
Le temps des casernes

L'âge idiot c'est soixante fleurs
Quand le ventre se ballotte
Quand le ventre ventripote
Qu'il vous a bouffé le cœur
Quand les yeux n'ont plus de larmes
Quand les yeux tombent en neige
Quand les yeux perdent leurs pièges
Quand les yeux rendent les armes
Qu'on se ressent de ses amours
Mais qu'on se sent des patiences
Pour de vieilles sur le retour
Ou des trop jeunes en partance
Et qu'on se croit protégé
Par les casernes

L'âge d'or c'est quand on meurt
Qu'on se couche sous son ventre
Qu'on se cache sous son ventre
Les mains protégeant le cœur
Qu'on a les yeux enfin ouverts
Mais qu'on ne se regarde plus
Qu'on regarde la lumière
Et ses nuages pendus
L'âge d'or c'est après l'enfer
C'est après l'âge d'argent
On redevient petit enfant
Dedans le ventre de la terre
L'âge d'or c'est quand on dort
Dans sa dernière caserne. .



--Jacques Brel